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Mémoire du temps, le temps qui passe.

 

 

 

Des troncs d'arbres isolés dans des bacs de zinc reposent alignés sur le sol. Chaque tronc d'arbre est relié à un goutte-à-goutte fixé à la surface supérieure de la pièce. Au fond de cet agencement sont disposées des sérigraphies noir et blanc illustrant une vue de dessus des troncs d'arbre alignés. Ces images sur calque sont traversées par la froide luminosité de néons. L'ensemble est orchestré par une bande sonore.

Dans cette installation, l'inscription dans la durée(les arbres), l'instantanéité (gouttes d'eau s'échappant des goutte-à-goutte), la notion de de rythme (battements de coeur) mais aussi de cycle dialoguent. Alors pourquoi perfuser un arbre mort, si ce n'est dans l'espoir de le ramener à la vie? C'est le caractère indéterminé, insaisissable du temps présent mais aussi l'eventualité de la mort et sans doute son refus qui sont évoqués ainsi.

   
   
   

Quand l’arbre boit la goutte…

Pourquoi perfuser l’arbre mort qu’on avait coupé, si ce n’est pour révéler toute la vie qu’il a abritée et qui, partie de son cœur, l’a habité, dilaté, habillé ? Dans la confusion entre ce qui relève de l’homme (ou de ses artifices) et de la nature (ou de ses ressources), sève descendante et sève ascendante, brute ou élaborée, eaux de vie, liqueurs nourricières, semblent prêtes à s’y répandre pour circuler à nouveau… Et à l’étêtement qui a brisé l’élan de l’arbre répond l’entêtement à ranimer quelque chose de ce qui n’est plus. Insistante instillation. Projet de résurgence.

Renouvellement qui s’il intrigue ou peut-être épouvante (le goutte-à-goutte renvoyant à la détresse humaine), apaise et rassure aussi. Comme une vision d’espoir qui s’accroche à rien, comme un reste de vie ne tenant qu’à un fil. Comme un appel à préserver ou à revivifier ce qui, tenace et cyclique, est toujours, malgré tout, sous la menace.

Michel Trougnou

 

Oriflammes !

Pour apporcher le mystère, on peut s'arrêter à l'examen quasi médica de coupes qui peut-être ont à nous apprendre sur la vie de tel arbre ou de tel autre (tous ressemblants, mais pas interchangeables) et qui donnent à voir d'un seul regard les années qui ont passé pour les sculpter, les façonner... Le détail agrandi de ce qui d'ordinaire échappe (même si chacun de nous a déjà joué, le nez sur un rondin, à compter les cercles de la cible) nous fascine et nous interroge, comme une biographie succinte qui dit tout l'essentiel d'une personne, sans pour autant aider à percer son secret...

Chaque empreinte de ces vies résumées, ramassées, inquiète comme le tourbillon d'un vertige. On y flairerait presque un piège ensorcelant. On aurait tort !

Car devant nous la forêt, fièrement, a hissé ses couleurs, emblèmes et blasons, armoiries et devises... Elle retrouve un élan vertical qui l'exalte, en même temps qu'elle s'étoile, rayonnante, et que ses trésors étincellent avec douceur, comme autant de monnaies et d'antiques médailles.

Force fragile, vigueur exigeante et têtue qui nous fait signe.

Etendards arborés, gestes de ralliement.

Michel Trougnou

 

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