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Censures

 

Isabelle Vierget

Conseillère Arts plastiques

Ni écrits interdits, ni visages torturés, ni corps de femmes offensés, ni photos du Yémen ou d'Afrique du Sud, ni principes religieux, ni quelques paragraphes de la Déclaration des Droits de l'Homme ; non, il n'y a rien de tout cela. Rien de tout ce qui se rapporte à la censure ; pourtant ces oeuvres sont celles que Breitwieser nomme ainsi.

Pour dire tous les maux que comporte cette honte, il y a l'aveu d'une peinture.

Une violence dans la couleur affirmée, dans les balayures marquées sur les journaux froissés et... choisis atteste que : Oui ! Il est des révoltes sourdes ; que celles-ci peuvent aller de pair avec l'engagement. Pour cela, il n'est pas indispensable d'adhérer à un parti, d'être reconnu d'une coterie. Souvent les élans solitaires se montrent efficaces et sincères.

La censure tenait à coeur Breitwieser depuis longtemps. Il ne patientait pas pour entreprendre ce travail spécifique un nouvel éclat dans le monde, une répression de plus en Asie ou un soulèvement de casernes argentines.

Non, plus sûrement il attendait que sa peinture dans son expression rencontre ce que dans le fond il voulait dire à ce propos. Et ce propos, nous l'avons réuni aujourd'hui. Ici.

 
 
 

Jean-Pierre Carrel

Avocat à la Cour d'Appel de Paris

Je, Tu, Il, Elle... et l'on devrait avoir tout dit... ou presque. L'individu et le collectif, les droits inaliénables de la personne humaine, mais aussi les déterminismes qui hébergent le désir de liberté.

Et l'Autre, enfer ou légitimement Ailleurs.

Le rêve et l'espoir de tout penser, tout dire, tout vivre... qui rencontrent les censures, celles de l'intérieur et de l'extérieur. Idée simple de l'interdiction qui donne son relief à la liberté et/ou l'éternel dilemme entre le Père et la Mère.

Censure-Mesure et Censure-Cassure.

L'intégration et la reproduction des données de l'organisation sociale ne concourent-elles pas aux conduites dites d'auto-censure dont découlent des appréciations inévitablement différentes selon leur champ d'application. La censure pour soi peut ainsi être témoignage de pur respect comme de crainte.

Les censures ne sont surtout jamais éloignées de la résultante d'une équation formée par le jeu des Besoins, du Pouvoir et des Croyances.

Du côté de l'Histoire, l'on constate le conflit.

Les forts comme les faibles censurent.

Sans doute est-ce un mal nécessaire à la régulation des rapports sociaux mais plus souvent utilisé à des fins de conviction ou d'intérêt.

Devrait-il alors n'exister que des domaines réservés, dont l'Art, où les faits de censure seraient censurés et où le cri, se substituant à une parole codifiée, ne serait plus une nuisance ou un danger. La peinture de Bruno Breitwieser le proclame.

Considérant toutefois que s'interroger est trop confortable, ordonnons la comparution du Doute et devant lui, condamnons à perpétuité l'imagination et la liberté à oublier la censure.

 
 
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