Fronts à lier
Cette installation amène à s'interroger sur la notion de "frontière". Frontières que les Hommes se sont inventées pour se protéger les uns des autres - aspect géopolitique -, frontières façonnées dans la plus profonde intimité - barrières psychologiques.
Certains érigent des murs alors que d’autres les abattent. Certains se calfeutrent derrière des barricades, là où d’autres rêvent de les franchir, parfois au péril de leur vie.
Ici, de part et d’autre d’une ligne, sont disposés au sol en vis-à-vis des portraits d’enfants, de femmes et d’hommes. Les uns sont tendus, graves, tandis que les autres paraissent heureux et épanouis. Les uns connaissant les affres de la guerre, les autres vivant des moments de joie et d’insouciance.
Cependant, bien que face à face, ces personnages sont tous liés, de par l’aspect hachuré des portraits. L’idée qu’ils puissent être interchangeables est sous-jacente : comment en sont-ils arrivés là ? Participants actifs - contraints ou volontaires - ou victimes civiles potentielles. Ou bien encore ignorants des conflits, à l’abri de toute violence.
Comment ont été répartis les rôles ? Quels ont été les motifs, les causes de cette répartition ? Où sont les frontières entre ces acteurs ? Qu’aurait-on pu faire ici et ailleurs… pour y échapper ?
Dans la mise en abyme de cette question des rôles, du positionnement, une image imprimée sur la « ligne bleue » au centre de l’installation, nous ramène à l’essentiel. La réponse est simple et pourtant universelle : elle parle de fraternité et de paix. Cette ligne est à la fois le témoin d’un passé, mais aussi le symbole de la paix retrouvée. Elle dévoile le souhait de progresser main dans la main vers un futur de partage et de tolérance. Avec l’espoir utopique de connaître un jour un monde définitivement débarrassé de toute agression ; un monde délivré de la folie des Hommes.
